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L’architecte et son temps : Jean Prouvé, un constructeur (extrait 6/8) 1975

Réalisation Jean-Marc Leuwen, Hubert Damisch et Stanislas Faure, 1975. Durée : 61'21". © INA.

Jean Prouvé : Je n’ai jamais eu de style, je n’ai jamais fait de formes, j’ai fait des constructions. Je me suis retrouvé là en position normale d’un architecte qui imagine des choses, qui ne sait pas qui les réalisera, ni comment elles seront réalisées. Et j’ai compris beaucoup de choses à ce moment-là. J’ai prononcé le mot d’architecte, il faut donc que je revienne à Maxéville. De jeunes architectes, élèves d’écoles des Beaux-Arts, ne comprenant plus rien à leur enseignement, écœurés de leur école, qui avaient par des revues détecté ce que je faisais. Ils sont venus me proposer de travailler dans l’usine. Moi j’ai vu ça d’un très bon œil. L’architecte quittant son école pour s’embaucher dans les entreprises c’était tout de même intéressant. Et pendant quatre années j’ai eu là un défilé d’architectes dont Joseph Belmont.
Journaliste : avec qui vous travaillez encore
JP : Silvy, j’ai eu des suisses, des sud-américains, et ils se sont totalement mêlés à la vie d’usine. Ils avaient des rapports journaliers avec les exécutants et ils ne cachent pas qu’ils ont vécu les meilleures années de leur vie, là il y a aucun doute, c’est là qu’ils ont appris ce que pouvait devenir la vie d’un architecte en se rapprochant de l’exécution, ce qui m’a confirmé dans mon opinion qu’il faut que l’architecte redevienne un homme de chantier beaucoup plus qu’un homme de bureau.