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Pavillon club SCAL avec Pierre Jeanneret, Issoire, 1940

Pavillons démontables SCAL et pavillon club. Système constructif Jean Prouvé, Pierre Jeanneret, architecte. Les deux bâtiments de logements pour les ingénieurs, au centre le club servant de réfectoire et salle de réunion, Issoire, 1940.

Pavillons démontables SCAL et pavillon club. Système constructif Jean Prouvé, Pierre Jeanneret, architecte. Les deux bâtiments de logements pour les ingénieurs, au centre le club servant de réfectoire et salle de réunion, Issoire, 1940. © Fonds Jean Prouvé. Centre Pompidou – MNAM/CCI-Bibliothèque Kandinsky-Dist. RMN-Grand Palais.

Pavillon club SCAL. Système constructif Jean Prouvé, Pierre Jeanneret, architecte. Bâtiment servant de réfectoire et salle de réunion, Issoire, juillet 1940.

Pavillon club SCAL. Système constructif Jean Prouvé, Pierre Jeanneret, architecte. Bâtiment servant de réfectoire et salle de réunion, Issoire, juillet 1940. © Archives Constellium Issoire.

Pavillon club SCAL. Système constructif Jean Prouvé, Pierre Jeanneret, architecte. Montage du pavillon club pour les ingénieurs, Issoire, juin 1940.

Pavillon club SCAL. Système constructif Jean Prouvé, Pierre Jeanneret, architecte. Montage du pavillon club pour les ingénieurs, Issoire, juin 1940. © Archives Constellium Issoire.

« Centre collectif des ingénieurs de la Sté Cle des alliages légers, à Issoire. Application du système de construction des Ateliers Jean Prouvé par Pierre Jeanneret, architecte ». Solutions d’urgence, <i>L’Architecture d’aujourd’hui,</i> n° 2, juillet-août 1945.

« Centre collectif des ingénieurs de la Sté Cle des alliages légers, à Issoire. Application du système de construction des Ateliers Jean Prouvé par Pierre Jeanneret, architecte ». Solutions d’urgence, L’Architecture d’aujourd’hui, n° 2, juillet-août 1945. © Collection privée.

Pavillon club SCAL avec Pierre Jeanneret, 1940

Première application de son système constructif à portique axial, le chantier pour l’usine de la SCAL1, à Issoire, offre à Jean Prouvé l’opportunité d’entamer une collaboration fructueuse avec l’architecte Pierre Jeanneret et d’aborder la question du logement individuel. Ce projet d’envergure, initié dans un contexte de guerre, va permettre aux concepteurs de faire la démonstration d’une architecture préfabriquée en usine et immédiatement montée « à sec » sur place. La standardisation réclamée par Le Corbusier depuis le début des années 1920 autorise la mise en œuvre rapide des éléments de structure et d’enveloppe pour des constructions légères et démontables, essentiellement destinées au logement. Le vocabulaire constructif simple, décliné conjointement par Pierre Jeanneret et Jean Prouvé va pouvoir s’adapter aux différents programmes du site industriel et évoluer en fonction des problèmes liés à l’approvisionnement des matériaux en temps de guerre. Pour autant, les circonstances extrêmes dans lesquelles se déroule ce chantier d’urgence favorisent l’expérimentation technique, chère à l’architecte et au constructeur, tout en répondant à leurs exigences de qualité constructive des bâtiments et de confort pour leurs usagers. Le pavillon de 8m x 12m issu d’un ensemble de logements d’ingénieurs s’impose comme la préfiguration des maisons usinées conçues par Jean Prouvé pour abriter le plus grand nombre. Il annonce l’application au marché domestique de son système à portique axial, qui sera réalisée dès l’année suivante dans le cadre du programme des maisons d’ingénieurs à Saint-Auban, avec Pierre Jeanneret et l’équipe du BCC2. Chargé d’histoire, il recèle une quantité remarquable d’informations concernant les circonstances de la commande et le déroulement du projet global pour la SCAL, l’implication des membres de l’équipe des concepteurs, les déclinaisons constructives du système, l’usage et le devenir des bâtiments de cette série3. La construction à Issoire d’une usine de production de tôles et pièces en aluminium – programme majeur de la politique d’armement de l’État français – est lancée en 1939, peu avant le début du conflit mondial ; le projet est confié à l’architecte Auguste Perret, qui conçoit un imposant édifice en béton armé. Maître d’ouvrage désigné, la SCAL (émanation récemment créée du puissant groupement des transformateurs d’aluminium) organise en urgence, une fois la guerre déclarée, le transfert en Auvergne de ses cadres et employés parisiens. La construction de l’ensemble de bâtiments aménagés destiné à les accueillir fait l’objet d’un marché, attribué aux Ateliers Jean Prouvé par l’intermédiaire de leur nouvel agent, Georges Blanchon. Ce dernier constitue une équipe en adéquation avec les circonstances d’urgence : les systèmes constructifs Prouvé sont déclinés et adaptés sur le champ en collaboration avec Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand – chargée de l’aménagement intérieur –, et la fabrication des composants métalliques est aussitôt lancée dans les ateliers de Nancy. Malgré quelques retards et problèmes d’organisation qui font la part belle à l’improvisation maîtrisée, la première tranche des travaux est bouclée en six mois : deux pavillons de logements et un « club » pour ingénieurs, un bâtiment de dessin pour le bureau d’études ; s’y ajoutent quelques petites constructions à ossature extérieure. Alors que le contingentement de l’acier s’accentue, les dispositions de l’armistice signé en juin 1940 compliquent encore les transports et les déplacements4. Les Ateliers Jean Prouvé livrent in extremis les composants et le mobilier destinés aux bâtiments du deuxième lot – logements des contremaîtres, dortoirs des ouvriers – qui seront finalement modifiés et affectés différemment. L’équipe se disperse pour quelques mois5, mais, forte de cette démonstration réussie, va à nouveau pouvoir répondre, dans un contexte encore plus difficile, à la commande d’une société industrielle, elle aussi filiale de l’Aluminium français : un ensemble de maisons individuelles démontables en bois adaptées à la situation d’urgence6.

1. Société centrale des alliages légers.
2. Bureau central de constructions, qui rassemble les compétences d’une agence d’architecture, d’un bureau d’études et d’une entreprise générale, créé par Georges Blanchon fin 1940, à Grenoble, avec Jean Prouvé et Pierre Jeanneret.
3. Voir Jean Prouvé, Pierre Jeanneret, Maison démontable BCC, Paris, Galerie Patrick Seguin, 2014.
4. L’Auvergne reste en zone libre alors que la Lorraine devient zone interdite.
5. Les Ateliers Jean Prouvé cessent momentanément leur activité puis diversifient leurs fabrications ; Pierre Jeanneret part rejoindre Le Corbusier dans le Sud ; Charlotte Perriand quitte la France pour le Japon jusqu’en 1946 ; seul, Georges Blanchon reste sur place afin de suivre l’exécution du chantier.
6. En 1941, le BCC étudie et réalise dans le département des Hautes-Alpes, pour la société A.F.C. également affiliée à Pechiney, une série de quatre maisons d’ingénieurs entièrement en bois, complétée ensuite par quelques exemplaires supplémentaires. Voir Jean Prouvé, Pierre Jeanneret. Maison démontable BCC, op. cit.